D’une grande clarté, vive et rythmée, non dépourvue d’une salutaire pointe d’humour, la direction d’acteur suit les méandres jaloux et amoureux des protagonistes
Semele
La mise en scène
Oliver Mears offre une relecture audacieuse de l’opéra de Haendel, cherchant à le dépouiller de son cadre mythologique traditionnel pour le projeter dans un univers contemporain, en explorant le côté politique et satirique de l’œuvre. Il aborde, à travers sa mise en scène, des sujets très actuels tels que le pouvoir, le désir, les abus et les inégalités de classes et insiste sur le rapport de domination entre Jupiter, figure de puissance patriarcale, et Semele, jeune femme ambitieuse mais vulnérable. Semele n’est pas seulement présentée comme une amante mythologique, mais comme une figure fragile, en quête de reconnaissance et d’une nouvelle condition sociale. La mise en scène d’Oliver Mears s’inspire par ailleurs de références cinématographiques : une atmosphère d’inquiétante étrangeté empruntée aux films d’horreur de l’époque et une touche d’humour surréaliste et de noirceur à la Luis Buñuel.
La scénographie et les costumes
L’univers scénique d’Annemarie Woods évoque un palace des années 50-60, luxueux et opulent avec un éclairage (signé Fabiana Piccioli) accentuant la tension dramatique. Au centre de la pièce, une imposante cheminée noire devient le symbole du feu destructeur à venir, foyer domestique autant qu’autel sacrificiel. Des baies vitrées s’ouvrent au fil du drame sur un ciel étoilé, marquant le contraste entre le quotidien et le céleste mais aussi entre le pouvoir, la paraître et la menace des forces divines. Des éléments comme des urnes funéraires et des cendres, sont utilisés pour introduire la mort dès le début de l’opéra.
Les costumes, élégants et sobres, ancrent les personnages dans une époque contemporaine, entre glamour rétro et réalisme dramatique. Les employés, simples humains, portent l’uniforme de la maison tandis que les propriétaires-divinités, de riches costumes. Semele, souvent vêtue de tissus légers et colorés, incarne une sensualité fragile et exposée. Jupiter, en figure patriarcale toute puissante, oscille entre costume d’apparat et dénuement.
Dans la presse


Une transposition habile de la mythologie antique dans les années 1960

L’astucieuse production d’Oliver Mears est un compromis plein d’esprit qui fonctionne parfaitement

Oliver Mears habille en permanence la scène d’un jeu d’acteurs hyper réglé, dans un décor et des costumes bien usités et des lumières seyantes
Documentation disponible
- Programme de salle : voir le pdf
- Interview vidéo d’Oliver Mears
- Vidéos : bande-annonce, interviews, extraits
(c) photos : Vincent Pontet