À la rencontre de... Arielle Beck

Arielle Beck © Julien Benhamou
Arielle Beck © Julien Benhamou

La musique, vocation précoce ou gène familial ?

Je ne me prononce pas sur un quelconque « gène familial » (mes parents sont de simples mélomanes), bien que mon grand frère ait une formation de pianiste classique de haut niveau (je l’ai beaucoup entendu jouer étant petite) ; il s’agit plutôt d’imprégnation, d’une culture d’écoute très tôt, qui a pu susciter une vocation précoce, car j’ai su vers sept ans que ma voie était celle de la musique. Mes parents sont des simples auditeurs passionnés qui, sans s’en rendre compte, m’ont plongé dans le langage musical, avant les cours de solfège et d’harmonie entre cinq et quatorze ans.

Une rencontre décisive ?

Une anecdote : à neuf ans, j’ai eu la chance de rencontrer Stephen Kovacevich. La toute première pièce que je lui ai jouée dans sa maison d’Hampstead à Londres est « Des pas sur la neige » de Debussy. Ce fut une rencontre merveilleuse. En sortant, la neige s’est mise à tomber, comme dans un film ! Et Stephen m’a salué de sa fenêtre. C’est un souvenir féérique. 

Votre premier choc musical ?

Sans doute les Trios de Haydn par le Beaux Arts Trio. J’ai d’ailleurs assez vite joué certains de ces magnifiques trios. 

Une source d’inspiration ?

La peinture, la littérature… et la musique ! 

Comment décririez-vous votre quotidien ?

C’est un quotidien dévoué à la musique, et que j’organise de cette manière, bien que la réalité du monde me concerne énormément. Mais j’aime aussi composer, improviser, cuisiner, faire de la gym, aller au concert…

Un rituel avant d’entrer en scène ?

Je n’ai pas véritablement de rituel particulier avant d’entrer sur scène ; j’aime visualiser mon programme pendant les dernières minutes, surtout les débuts de chaque oeuvre, et garder mes mains bien au chaud. Parfois, une demi-heure avant le début du concert, il m’arrive de regarder un sketch comique, mais ce n’est pas systématique.

Votre répertoire de prédilection ?

J’aime toutes sortes de répertoire, même si je joue pour l’instant beaucoup d’œuvres classiques et romantiques (Schumann, en particulier, qui occupe une place très importante dans mon cœur). Dans mes projets, il y a les Visions fugitives et le Premier Concerto de Prokofiev, mais aussi Iberia d’Albeniz, par exemple.

Votre plus grande émotion en tant que spectatrice ?

Le Don Giovanni de Mozart à l’Opéra de la Bastille, et la version pour orchestre du Tombeau de Couperin de Ravel dirigé par Klaus Mäkelä à la Philharmonie, en particulier. De grands chocs esthétiques. Mais il y en a eu d’autres, bien sûr (par exemple, Martha Argerich à Varsovie il y a sept ans, Stephen Kovacevich au Théâtre des Champs-Élysées, à la Philharmonie de Paris et à la salle Gaveau…)

Vos centres d’intérêt en dehors de la musique ?

La lecture, le dessin, le cinéma des années 1930 à 1970, la lecture (je lis Huxley et Verlaine en ce moment) et mes deux chats, Verlaine et Aristote !

Le plus belle des carrières serait…

De jouer et d’enregistrer de manière libre et cohérente à la fois, de construire un parcours musical singulier et, grâce à lui, de rencontrer des publics très différents dans différents pays.

Votre playlist idéale 

 Il s’agit plutôt de la playlist que j’aime écouter en ce moment :

  • Maurice Ravel : Frontispice pour deux pianos
  • Paul Hindemith : Sonate pour hautbois et piano, 1er mouvement
  • Gabriel Fauré : Barcarolle nº 10
  • Henri Dutilleux : 3e Figure de résonances pour deux pianos 
  • Maurice Ravel : Miroirs, Oiseaux tristes 
  • Béla Bartók : Suite op. 14 nº 4 
  • Pierre Boulez : Notations pour piano nº 3-7-8 
  • Et j’écoute également l’album Romantic Warrior de Chick Corea et Return To Forever.

Arielle Beck en récital le 12 octobre 2025
Réservez