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    Quatre histoires sur Truls Mørk

    Une semaine, un violoncelle. Avant le Grand week-end violoncelle les 21-23 février 2020, nous vous présentons chaque mercredi l’un des artistes à l’honneur. Aujourd’hui, on vous présente Truls Mørk et les incroyables sonorités de son violoncelle Montagnana.

    A lire également : Sheku Kanneh-Mason, Victor Julien-Laferrière, Alexander Kniazev et Pablo Ferrández.

    1. Jamais deux sans trois

    Fils de père violoncelliste et de mère pianiste, Truls Mørk grandit avec la musique dans les oreilles, et, souvent, s’endort au son du violoncelle de son père. Son oreille est faite. Pourtant, ce n’est qu’à 11 ans qu’il vient au violoncelle, après avoir essayé le piano et le violon. Et d’emblée se retrouve presque seul face à la première Suite pour violoncelle de Bach (c’est Truls lui-même qui rêvait de la jouer, et a la chance de faire face à un professeur qui le laisse faire… quitte à patauger dans ses difficultés pendant des mois !)

    Moins d’un an après avoir touché un violoncelle pour la première fois, Truls décide de devenir musicien professionnel. Plus tard, suivront des cours peu communs chez son professeur Frans Helmerson, qui ne donnait qu’un ou deux cours par mois à ses élèves, préférant, le reste du temps, se consacrer aux discussions et écoutes d’enregistrements.

    (image extraite du documentaire “Truls Mork, a cello named desire”, 1998)

    2. Le concours Tchaïkovski : la suprise

    A 21 ans, Truls Mørk lit Dostoïevski et Hugo, écoute Chostakovitch et voue une admiration sans bornes à Rostropovitch. Il fait partie du groupe de musiciens norvégiens qui se rendent au concours Tchaïkovsky – persuadé d’être éliminé avant le 1er tour, il ne prend même pas de vêtements de concert (dans une interview des musiciens de son conservatoire un an plus tôt, il dit espérer d’avoir le niveau pour rejoindre le pupitre des violoncelles dans un bon orchestre…)

    Truls Mork au concours Tchaïkovsky, 1982

    Quelle surprise alors d’être sélectionné de tour en tour ! Pour la finale, il emprunte les chaussures du directeur de l’Opéra d’Oslo, de passage au concours. Mørk gagne le 6e prix et devient le premier musicien scandinave à être lauréat du concours Tchaïkovsky.

    Par la suite, il participera à – et gagnera – d’autres concours, pas tant pour l’argent ou la renommée, mais pour se prouver qu’il a, en effet, le talent pour mener une carrière professionnelle.

    3. Le chemin vers la musique de chambre

    D’abord réticent, Truls Mørk chemine lentement vers la musique de chambre – genre dans lequel aujourd’hui, à 58 ans, il excelle !

    Soucieux de nouer une relation avec les musiciens, il est peu enclin à ces rencontres “sans lendemain”, le temps d’un concert, avec d’autres solistes que l’on ne reverra pas avant des années… Il finit par fonder son propre festival de musique de chambre, à Stavanger en Norvège, et devenir l’un des ambassadeurs du genre.

    En 1993, il fait sa première apparition au TCE lors d’un concert de Prades, puis, en 1998, son premier récital aux côtés de Michel Dalberto (ci-dessous, une petite merveille de l’époque – avec les réactions des spectateurs de 1998 !)

    4. Un violoncelle de collectionneur

    Si l’on a beaucoup entendu des Stradivarius, le grand public connaît un peu moins le luthier vénitien Domenico Montagnana (1686-1750). C’est pourtant l’un des plus grands facteurs de violons et violoncelles au monde – d’ailleurs, Yo Yo Ma, qui possède son Petunia (1733) dit le préférer au Davidov de Stradivarius dont il a hérité de Jacqueline du Pré (il s’agit d’un prêt de la fondation Louis Vuitton qui a acheté l’instrument pour 1 million de livres sterling).

    Les Montagnana sont 1cm plus courts et 2cm plus larges que les Stradivari, et répondent différemment à l’archet, permettant des sons plus dramatiques à mesure que l’on force sur l’instrument. Pour Truls Mørk, qui est toujours à la recherche du son juste pour chacune des œuvres qu’il aborde, c’est là une qualité essentielle.

    Rendez-vous le 21 février !